Les élections municipales : un temps fort de la vie démocratique

La politique municipale ne se réduit pas à gérer des choses
Depuis 2005, les élections municipales sont tenues au même moment tous les quatre ans dans les 1100 municipalités du Québec. En 2017, ce sera le dimanche 5 novembre. À cette occasion sont élus le maire ou la mairesse, ainsi qu’au moins six conseillers ou conseillères. Dans les villes de plus de 20 000 habitants, la personne conseillère est associée à un district électoral. Selon la loi qui régit son fonctionnement (le Code municipal ou la Loi sur les cités et villes), le conseil municipal prend les décisions dans des champs de compétences qui lui sont exclusifs (transport en commun, sécurité incendie, eau potable et assainissement des eaux usées, matières résiduelles) ou partagés (habitation, réseaux routiers, police, loisirs et culture, parcs et espaces verts, développement économique et aménagement du territoire).

Le conseil municipal a un pouvoir de taxation et un rôle de développement humain. Il s'assure que les services offerts répondent aux besoins de sa communauté. La loi ne le prévoit pas, mais la tradition le prescrit: le maire, la mairesse et les membres du conseil municipal doivent assumer un rôle politique, être à l’écoute et au service des citoyens et des citoyennes. Faire de la politique municipale ne se réduit donc pas à gérer des choses. Cela implique surtout d’agir selon des principes et des valeurs qui servent le bien commun plutôt que l’intérêt particulier.

Peu de femmes et peu de jeunes élus aux élections de 2013
En 2013, 1103 municipalités étaient en élections: 1954 personnes ont sollicité un poste de maire (1,8 candidat par poste en moyenne), ce qui explique que 47% d’entre elles ont été élues sans opposition. C’est souvent le cas dans les petites municipalités, mais plus rarement dans les grandes, comme à Rimouski où le maire sortant Éric Forest a été élu par acclamation. En tout, 11 675 personnes se sont disputées 6947 postes de conseillers (1,7 candidat par poste). La proportion de ces personnes élues sans opposition est de 56%.

Les femmes représentent 18% des personnes qui ont convoité la mairie et 31% de celles qui ont sollicité un poste de conseiller. Seulement 17% des maires du Québec sont des femmes (32% des conseillers). C’est trop peu, mais néanmoins 20% de plus que lors des élections de 2005. Les jeunes gens (18 à 35 ans) sont aussi sous-représentés et la situation ne s’améliore pas au fil du temps. Ils ne représentent que 2% des candidats maires (et 2% des maires élus) et 10% des candidats conseillers (9% des conseillers élus). Pourtant, le groupe des 18-35 ans représente une proportion importante de la population qui varie, selon les régions, entre 19% (en Gaspésie) et 33% (à Montréal) de la population adulte. Au Bas-St-Laurent, ces jeunes représentent 23% de la population adulte, mais seulement 10% des élus municipaux. Le taux de participation aux élections municipales, estimé à 48% en 2013, est stable dans le temps, mais inférieur aux taux enregistrés aux élections québécoise (71% en 2014) et canadienne (68% en 2015). (Source des statistiques: MAMOT)

Trois défis pour servir le bien commun aux élections de 2017
Pour les élections municipales de novembre 2017, le premier défi consiste à participer au choix de ceux et de celles qui prendront des décisions qui ont un impact important sur nos vies individuelles et collectives. Il faut exiger des candidats et des candidates qu’ils précisent les valeurs qui les animent, qu’ils se commettent sur certains enjeux. Hors des grandes villes et à la périphérie des partis politiques (il n’y a que 125 partis politiques municipaux au Québec), on sait peu de choses sur les valeurs des candidates et des candidats. Ils reçoivent souvent de la population un chèque en blanc, d’autant que la majorité est élue sans opposition. 

Le deuxième défi impose de s’assurer d’une représentation plus équitable sur le plan du genre et sur celui des générations. Femmes et jeunes doivent investir ces lieux de pouvoir. À ces personnes s’ajoutent les membres des communautés culturelles, sous-représentés en politique locale, particulièrement en région.
Le troisième défi est lié à la définition d’un programme politique fondé sur quelques principes génériques qui servent le bien commun et que les candidats et candidates peuvent s’approprier facilement: (1) privilégier un développement humain qui ne soit pas inféodé au développement économique; (2) miser sur la protection de l’environnement et sur l’économie circulaire; (3) renforcer la démocratie participative; (4) assumer et promouvoir la diversité; (5) et chercher à mieux comprendre les phénomènes pour pouvoir mieux agir. Les élections municipales peuvent être un temps fort de la vie démocratique à condition de s’y investir.

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