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Affichage des articles associés au libellé éducation

Le décrochage scolaire

Pierre-Yves Bernard (2011), Le décrochage scolaire, Paris, PUF, 128 p. Petite lecture simple en prévision de ma communication au colloque Territoires et décrochage scolaire à l'Université de Nantes le jeudi 31 mai. Le livre propose une synthèse de la question, telle qu'elle se décline en France plus particulièrement. Le chapitre sur les politiques éducatives face au décrochage scolaire propose quelques pistes théoriques intéressantes.

Que veut dire accompagner ? Conseiller, soutenir, former...

Danièle Boulard et Benoit Duguay (2018), Que veut-dire accompagner? Conseiller, soutenir, former..., Montréal, Liber, 137 p. Cet ouvrage n'est pas un incontournable du genre, mais il a le mérite de camper certaines définitions liées à l'oeuvre d'accompagnement, dans son sens générique. "Accompagner quelqu'un, c'est se placer ni devant, ni derrière, ni à la place. C'est être à côté" (p. 9). Les nuances d'usage sont apportées entre le tutorat, le coaching, le jumelage, le parrainage, etc. Accompagnement en mode présentiel et à distance, de un à un, de un à plusieurs et de plusieurs à plusieurs (accompagnement tribal ). On y voit l'influence de Michel Maffesoli (un sociologue que j'ai rencontré à l'Université Laval au début des années 1980), avec le concept de tribu. À mi-chemin entre le livre pratique et l'ouvrage conceptuel, il risque fort de passer à côté de son lectorat. Il n'est toutefois pas sans intérêt, même si mes att...

Un Québec libre est un Québec qui sait lire et écrire

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Sébastien Proulx (2018), Un Québec libre est un Québec qui sait lire et écrire , Québec, Septentrion, 144 p. Le livre du ministre de l'Éducation a été lancé la semaine dernière et déjà, de nombreuses critiques de son contenu sont apparues sur les réseaux sociaux, de la part de gens qui parfois n'ont même pas pris le temps de lire l'ouvrage ( Source de la photo: Simon Clark, Journal de Québec ). Pour ma part, je l'ai lu, et avec grand intérêt. Il est bien écrit, dans une langue efficace et avec un vocabulaire sobre. Le ministre sera sûrement heureux de l'apprendre puisque l'homme et son gouvernement apprécient l'efficience (l'efficacité atteinte grâce à un minimum de ressources). Il n'y a pas trop de mots dans le livre: juste assez. Et je ne le dis pas de manière péjorative puisque cette critique, je l'adresse parfois à mes étudiant.es: "ton texte est bon, mais il y a trop de mots..." Les mots dits et les mots écrits sont beaux e...

Développer une culture d'apprentissage

Voici une réflexion que j'ai proposée à un groupe de 500 personnes intéressées par l'éducation et réunies à Québec le 12 septembre 2016 pour discuter d'une future politique nationale d'éducation. Une politique, c’est d’abord une vision du monde   Une politique, c’est d’abord une vision du monde , ensuite traduite en actions. Il n’y a de vent favorable que pour celui qui sait où il va (Sénèque). Où allons-nous en éducation? Vers quels lieux et par quels chemins? Une politique est une route balisée d’actions du quotidien, mais orientée vers un rêve, une utopie. Excellents? Nous ne le serons jamais tout à fait. Pertinents? Encore faut-il savoir par rapport à quoi. Efficients? Oui, mais en nous rappelant que ce mot ne se conjugue pas qu’au mode impératif économique parfait. Nous devons tendre vers l’excellence, la pertinence et l’efficience, donner un sens à nos efforts individuels et collectifs et éviter le réflexe tout humain de déterminer nos act...

Pauline Marois fait l'autopsie du dérapage de la réforme scolaire

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Michèle Ouimet signe dans Le Soleil de ce matin le compte rendu d'une excellente entrevue avec Pauline Marois ( source de la photo ), ex première ministre du Québec et ministre de l'Éducation lors du début de la réforme scolaire en 1997. L'article n'est pas en ligne à la façon habituelle, mais on peut le retrouver ici . Il serait utile que les enregistrements de telles entrevues soient rendus disponibles aux chercheurs, car il est difficile d'avoir accès à ce type d'information. L'analyste des politiques que je suis s'intéresse à la réalisation (ou à la non-réalisation) de cette réforme d'un point de vue politique, en isolant ses grandes étapes selon la typologie de Jones (1970): émergence, élaboration, adoption, mise en oeuvre et évaluation. Cette approche séquentielle est questionnée, mais il est possible de la raffiner, comme je l'ai fait dans quelques-uns de mes travaux. La théorie des référentiels associée à l' approche cognitive ...

Un peuple à genoux

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Un collectif d'auteurs de gauche propose en fin d'année un almanach revu et corrigé: "Là où jadis L'Almanach du peuple nous permettait de revisiter nonchalamment l'année écoulée pendant les vacances de Noël, le Peuple à genoux estime nécessaire de garder vif le souvenir d'une année de corruption" (p. 10). Les contributions ne sont pas d'égale qualité, mais le livre se lit d'un trait. Personnellement, je n'apprécie pas que l'on compare des personnes, fussent-elles politiciennes, à des animaux ("les cochons ne lancent pas de boue, ils s'y vautrent", p. 104), à moins que l'animal ne soit un paon. Aussi, les auteurs critiquent la "complaisance grasse des médias" (p. 10), mais ce sont des articles de presse qui constituent l'essentiel de leur bibliographie. Cela dit, il y a de bonnes chances que je me tape chaque année, entre Noël et le Jour de l'an, le Peuple à genoux de l'année en cours. Dans l...

Si j'étais le ministre de l'Éducation...

J'ai discuté une bonne vingtaine de minutes hier avec la journaliste Isabelle Maher du Journal de Montréal , mais elle m'a prévenu que le compte rendu de notre discussion serait bref. Qu'est ce que je ferais, en priorité, si j'étais ministre de l'Éducation? «Si j’étais ministre de l’Éducation, je défendrais mes politiques, mes projets, mon budget. Dans le gouvernement actuel, on me montrerait la porte après deux jours», lance à la blague Jean Bernatchez. Selon le spécialiste de l’administration des structures scolaires, il faut une étude approfondie des commissions scolaires avant de tout bouleverser. Il faut changer la culture et non la structure des commissions scolaires. Donner plus d’autonomie aux écoles et aux enseignants. Au lieu de les obliger à fusionner, partager certains services. Bien connaître leurs besoins avant d’agir», plaide-t-il. J'ai ajouté aussi que je mettrais en place une vaste stratégie de valorisation du personnel enseignant qui ...

Abolition des directions régionales du MEQ et pensée magique du PLQ

Le Devoir et La Presse titraient hier que l'abolition des directions régionales du ministère de l'Éducation, effective depuis 2014, n'avait pas permis de réaliser les économies financières escomptées. "Les libéraux faisaient miroiter de grosses économies en promettant d'abolir les directions régionales (...), mais ils se sont trompés dans leurs calculs et ont raté la cible" précise Patrice Bergeron de la presse canadienne. Comble de l'ironie, le gouvernement promettait d'investir l'argent économisé dans les services aux élèves. Non seulement n'y-a-t-il pas eu injection de nouvel argent, mais plutôt des coupures qui affectent directement les services aux élèves. Le prévisionnistes du gouvernement se sont trompés ou ils ont menti. Je vous laisse tirer votre propre conclusion. J'ai été parmi les rares personnes à défendre le travail des directions régionales, comme ici dans Le Soleil du 5 mai 2014: «L'abolition éventuelle des direc...

Un manifeste pour changer l'éducation

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Edgar Morin est mon intellectuel préféré. Je me fais un devoir de lire tout ce qu'il publie. Enseigner à vivre est un petit opus publié en 2014 qui reprend plusieurs  thèmes qui lui sont chers, mais dans une forme accessible organisée comme un manifeste pour changer l'éducation. Une réforme, plus riche qu'une révolution, voire une métamorphose, est nécessaire pour bien vivre. Il faut apprendre à apprendre, connaître la connaissance dès les premières classes jusqu'à l'université. "Il faut apprendre à naviguer dans un océan d'incertitudes à travers des archipels de certitude" (p. 37) souligne-t-il. En lien avec l'université, il critique la professionnalisation, la technicisation et la rentabilité économique: "La sur-adaptivité est un danger qu'avait bien vu Humboldt puisqu'il disait que l'université a pour mission de donner les bases de connaissances de la culture et que l'enseignement professionnel doit relever d'écoles...