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Affichage des articles du avril, 2018

Le décrochage scolaire

Pierre-Yves Bernard (2011), Le décrochage scolaire, Paris, PUF, 128 p. Petite lecture simple en prévision de ma communication au colloque Territoires et décrochage scolaire à l'Université de Nantes le jeudi 31 mai. Le livre propose une synthèse de la question, telle qu'elle se décline en France plus particulièrement. Le chapitre sur les politiques éducatives face au décrochage scolaire propose quelques pistes théoriques intéressantes.

Histoire des sciences

Yves Gingras (2018), Histoire des sciences, Paris, PUF, 128 p. Complément de Sociologie des sciences parue dans cette même collection Que sais-je?, Histoire des sciences d'Yves Gingras propose une magnifique synthèse de la question, articulée autour de trois grandes périodes: les sciences anciennes (500 av. J-C, 1600); le renouvellement des sciences (1500-1800); la multiplication et la convergence des disciplines (1800-2000). Le premier chapitre s'intéresse à l'histoire et aux usages de l'histoire des sciences. Un très bon livre. Peut-on synthétiser l'histoire des sciences en 128 pages? Gingras répondra  à cette question dans le contexte des débats du Centre Alexandre-Koyré le 13 juin à Paris.

3 romans graphiques

Philippe Girard (2012), La mauvaise fille, Montréal, Glénat, 167 p. Philippe Girard (2010), La visite des morts, Montréal, Glénat, 84 p. Philippe Girard (2009), Tuer Vélasquez, Montréal, Glénat, 192 p. Il m'arrive (rarement) de lire des romans graphiques, mais j'apprécie habituellement beaucoup une telle lecture de détente. Philippe Girard propose ces trois ouvrages dont l'action se déroule à Québec, une ville qu'il connait bien puisqu'il y habite et y a grandi. L'approche est autobiographique dans le cas de La mauvaise fille et de Tuer Vélasquez , ce dernier étant particulièrement intéressant puisqu'il y est question d'une affaire de pédophilie qui met en scène Phillipe à 16 ans et un prêtre anticonformiste. Ce dernier encourage Philippe à tuer (symboliquement) le peintre Vélasquez pour apprécier pleinement Picasso. Il y a des références aux Bob Morane de mon enfance et on reconnait dans les vignettes plusieurs autres artéfacts des années 1970.

Le manifeste des parvenus. Le think big des pense-petit

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Julia Posca (2018), Le manifeste des parvenus. Le think big des pense-petit, Montréal, Lux, 147 p. L'auteure, une sociologue associée à l'IRIS , propose cet essai qui tient à la fois de l'analyse et de la satire, si bien qu'un lecteur non averti - ou un parvenu en devenir qui s'assume - pourrait prendre à la lettre ses six commandements: (1) l'argent, tu honoreras; (2) à plus petit que toi, tu ne t'intéresseras pas; (3) une économie de dirigeants, tu bâtiras; (4) par l'impôt, tu ne te laisseras pas dérober; (5) le bien, tu convoiteras; (6) la réalité de la vie, c'est l'entreprise privée. Suivent quatre leçons à tirer de ce manifeste: (1) les parvenus souffrent du délire paranoïaque; (2) les parvenus ont liquidé l'élite progressiste et son projet de société; (3) les parvenus s'enrichissent sans les autres; (4) l'élite parvenue ne vous aime pas. Le ton est donné, le style est alerte, les exemples sont puisés dans les journaux quot

Comment vivre en temps de crise ?

Edgar Morin et Patrick Viveret (2010), Comment vivre en temps de crise?, Paris, Bayard, 92 p. Face à la crise que nous traversons, il faut prendre distance. C'est ce que proposent Edgar Morin et Patrick Villeret , philosophe et chargé de mission sous le gouvernement de Lionel Jospin. Le premier texte, signé Morin, reprend ses thèmes de prédilection: les crises aggravent les incertitudes et peuvent stimuler la recherche de solutions nouvelles. la mondialisation est à la fois la pire et la meilleure chose. Le futur n'est jamais joué d'avance. Le texte de Viveret est plus substantiel. Il reprend le principe d'espérance de Morin: l'improbable, les possibilités créatrices puis finalement la métamorphose. Il rappelle le mot d'Antonio Gramsci: "Une crise se produit au moment où le vieux monde tarde à disparaître, où le nouveau monde tarde à naître, et dans ce clair-obscur des monstres peuvent apparaître" (p. 38). Démesure et mal-être caractérisent la crise

Où est passé le peuple de gauche ?

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Edgar Morin (2017), Où est passé le peuple de gauche?, Paris, L'Aube, 84 p. Le fan que je suis de l'oeuvre d'Edgar Morin ne pouvait passer à côté de cet opuscule qui se lit d'un trait. Morin remonte aux sources libertaires, socialistes et communistes de la gauche, mais il y ajoute la dimension écologique, plus actuelle que jamais. Il propose cinq textes, écrits entre 2014 et 2017. Il fait référence notamment au mouvement convivialiste que j'ai fréquenté le temps d'un colloque, et dont je me promets toujours de rendre compte dans une revue de gauche. "Le convivialisme est une idée-force sans laquelle il n'y aura pas de politique de civilisation", affirme Edgar Morin sur le site du mouvement. En lien avec le temps, Morin précise: "Nous devons reconquérir un temps adapté à nos rythmes propres et n'obéissant plus que partiellement à la pression chronométrique. La réforme de vie alternerait les périodes de vitesse (qui ont des vertus eni

La société de transparence

Byung-Chul Han (2017), La société de transparence, Paris, PUF, 91 p. Je n'avais entendu que du bien de cet essayiste berlinois. Il semble en outre que ce court ouvrage ne soit pas son meilleur essai. Sa thèse: nous sommes entrés dans l'ère de la transparence qui ne tolère aucune faille. Il faut être visible, ou suspect. "Les choses deviennent transparentes lorsqu'elles se départissent de toute négativité, lorsqu'elles sont lissées et nivelées, lorsqu'elles s'intègrent sans résistance dans les flux sans pli du capital, de la communication et de l'information" (p. 7). "Dans la société exposée, chaque sujet est son propre objet publicitaire. Tout se mesure à l'aune de sa valeur d'exposition" (p. 25). Quelques passages éclairent en outre la question de l'accélération du temps social, à laquelle je m'intéresse. L'ouvrage est peu accessible, principalement parce que sa théorie n'est pas illustrée par des exemples conc

Que veut dire accompagner ? Conseiller, soutenir, former...

Danièle Boulard et Benoit Duguay (2018), Que veut-dire accompagner? Conseiller, soutenir, former..., Montréal, Liber, 137 p. Cet ouvrage n'est pas un incontournable du genre, mais il a le mérite de camper certaines définitions liées à l'oeuvre d'accompagnement, dans son sens générique. "Accompagner quelqu'un, c'est se placer ni devant, ni derrière, ni à la place. C'est être à côté" (p. 9). Les nuances d'usage sont apportées entre le tutorat, le coaching, le jumelage, le parrainage, etc. Accompagnement en mode présentiel et à distance, de un à un, de un à plusieurs et de plusieurs à plusieurs (accompagnement tribal ). On y voit l'influence de Michel Maffesoli (un sociologue que j'ai rencontré à l'Université Laval au début des années 1980), avec le concept de tribu. À mi-chemin entre le livre pratique et l'ouvrage conceptuel, il risque fort de passer à côté de son lectorat. Il n'est toutefois pas sans intérêt, même si mes att